Tout le monde connaît Auguste et Louis Lumière, les deux frères français dont l'histoire a retenu le nom comme étant celui des inventeurs du cinéma. Les frères Lumière ont énormément contribué à l'invention du cinématographe tel qu'on le connaissait à leur époque, c'est-à-dire la fin du XIXe siècle, cependant ce n'est pas eux, à proprement parler, qui sont les véritables inventeurs de la toute première caméra cinématographique, ni les premiers à avoir réalisé un film...
Tout le monde connaît Auguste et Louis Lumière, les deux frères français dont l'histoire a retenu le nom comme étant celui des inventeurs du cinéma.
Leur nom, "Lumière", était tellement prédestiné qu'il était, en effet, difficile de ne pas leur attribuer la paternité de cette invention.
Certes, les frères Lumière ont énormément contribué à l'invention du cinématographe tel qu'on le connaissait à leur époque, c'est-à-dire la fin du XIXe siècle, cependant ce n'est pas eux, à proprement parler,qui sont les véritables inventeurs de la toute première caméra cinématographique, ni les premiers à avoir réalisé un film.
Le véritable inventeur du cinématographe, le malheureux oublié de l'histoire comme il en existe tant et dans tous les domaines, scientifiques ou autres, c'est Louis Aimé Augustin Leprince, un homme originaire de la ville de Metz. Un autre Louis, donc.
Une fois n'est pas coutume, nous allons commencer par relater non pas la vie de Leprince, mais sa mort.
Sa mort est un mystère total. Il devait embarquer pour retourner à New York afin d'y présenter son invention lorsqu'il disparut dans le train qui le menait de Dijon vers Paris. On ne retrouva jamais son corps, ni ses affaires personnelles. On ne retrouva jamais la moindre trace de lui.
Puis il tomba dans l'oubli.
Augustin Leprince (car son prénom le plus utilisé semble avoir été Augustin) est né le 28 août 1841, très exactement au 13 de la rue St Georges, à Metz.
On peut supposer que bien des gens passent devant son immeuble sans savoir que c'est là qu'est né celui qui allait réellement jeter les bases techniques, des années avant les frères Lumière, de la "photographie animée".
Comment pourraient-ils le savoir ? Il n'y a aucune plaque, aucune mention. Rien.
De nos jours, on continue en France à présenter les frères Lumières comme les inventeurs du cinématographe. Jamais le nom d'Augustin Leprince n'est mentionné.
Son père était un ami proche de Louis Daguerre (encore un Louis), l'un des inventeurs de la photographie. C'est Daguerre lui-même qui initia Augustin à la photographie.
Une fois sa scolarité achevée à Paris, Augustin fit des études de physique et de chimie en Allemagne, et devint chimiste. Il n'y a pourtant plus aucune trace de son passage dans les universités concernées...
Il partit ensuite travailler à Leeds, en Angleterre, dans l'atelier de fonderie et de construction mécanique appartenant à l'un de ses amis, un Anglais nommé John Robinson Whitley. Il épousa la sœur de Whitley, et ils eurent cinq enfants.
En 1870, il rentra temporairement à Paris pour défendre la ville contre l'invasion prussienne.
Une fois retourné à Leeds, Augustin Leprince décida de fonder avec son épouse une école d'arts dans la ville, car il était également artiste. Cette école fut un immense succès et fut même reconnue internationalement. C'est là qu'il commença à inventer de nouveaux procédés artistiques.
Il se passionna également à cette époque pour la peinture de Claude Monet. Pour lui, Monet transcrivait la vie même. Sa peinture était vivante et pleine de mouvements. Il se mit à rencontrer des peintres lors de ses nombreux voyages en France.
Après la faillite de son atelier, John Whitley partit tout d'abord s'installer à Paris, laissant son beau-frère à Leeds, puis il lui proposa un voyage à New York, afin d'y prospecter pour la création d'une nouvelle affaire. Leprince fut tellement enthousiasmé par la ville qu'il décida de s'y installer avec son épouse et leurs cinq enfants. Cependant, comme les affaires de Whitley n'étaient pas très florissantes, Leprince décida de créer la sienne dans le domaine de la décoration.
C'est à New York, alors qu'il s'était déjà fait connaître pour ses travaux photographiques, qu'il rencontra le peintre français Théodore Poilpot, spécialiste des panoramas, un genre très en vogue au XIXe siècle, et venu comme lui s'installer outre-Atlantique. Comme son activité dans le domaine de la décoration ne lui rapportait pas suffisamment d'argent, il se mit à travailler également pour lui.
Cependant, il n'était pas entièrement satisfait des résultats obtenus, car il était beaucoup plus intéressé à reproduire la vie et ses mouvements.
C'est ainsi qu'il commença à songer à construire une machine qui reproduirait les mouvements de la vie. En 1886, il sortit ses premières machines, et déposa son brevet à Washington, qui ne fut enregistré que deux ans plus tard en raison de tracasseries administratives. Le brevet fut plus tard déposé à Londres, puis à Paris, en Belgique, à Vienne, en Italie et enfin en Hongrie.
C'est donc bien avant les frères Lumière qu'il déposa son brevet, puisque Auguste et Louis Lumière ne devaient déposer le leur qu'en 1895.
Laissant sa famille, mis à part son fils Adolphe, aux Etats Unis, il retourna en Europe, d'abord à Leeds, puis à Paris pour être au chevet de sa mère, et il continua à travailler sur ses premières machines en France afin d'essayer de leur apporter des améliorations, notamment la machine de projection qu'il trouvait trop bruyante.
Il vécut ainsi plusieurs années entre Leeds et Paris.
Leprince avait résolu le problème de la prise de vue fin 1886, mais il fallut attendre encore le début de l'année 1887 pour régler celui de la projection.
C'est également lui qui parvint à mettre au point une caméra à un seul objectif, alors qu'auparavant, la machine pour laquelle il avait enregistré son brevet à Washington en comptaient seize !
En 1895, les frères Lumière présentèrent au public leur tout premier film, "La sortie des usines Lumière", alors que Louis Augustin Leprince avait déjà tourné de courts ou très courts films (parfois d'une seconde ou deux seulement) dès 1887.
Et c'est là que finalement les destins se croisent...
Il découvrit en France, chez "Lumière et fils", les films en celluloïd (une invention américaine), et ce furent ces films, une fois collés entre eux pour augmenter la longueur de la bobine, qui remplacèrent les bandes de plaques de verre (sans vouloir entrer dans des détails techniques) et résolurent certains de ses derniers problèmes de projection.
Il s'apprêta donc à rentrer à New York pour y présenter sa nouvelle invention, dans une villa que son épouse et Adolphe, rentré aux Etats Unis avant son père, louèrent pour l'occasion...
Cependant, tous les problèmes de fonctionnement ne purent être résolus aussi rapidement que prévu, et Leprince dut repousser son retour à New York, car il voulait présenter une machine fonctionnant à la perfection.
Il décida finalement de rentrer à New York le 16 septembre 1890, après un court séjour de trois jours à Dijon, afin de voir son frère et de régler avec lui les problèmes de l'héritage de sa mère qui traînaient depuis trois ans. Il avait d'autant plus besoin de cet argent qu'il était presque ruiné, ses recherches lui ayant coûté une fortune.
Il retournerait ensuite à Paris, puis à Leeds, et enfin à Liverpool pour s'embarquer pour les Etats Unis.
Ne le voyant pas arriver à New York, son épouse contacta le frère d'Augustin à Dijon, qui lui confirma qu'Augustin était bien monté dans le train pour Paris. Il l'avait d'ailleurs accompagné lui-même à la gare.
On ne revit jamais Louis Aimé Augustin Leprince, et l'on ne saura probablement jamais ce qu'il lui est arrivé.
Texte illustré et expliqué.
Tout le monde connaît Auguste et Louis Lumière, les deux frères français dontl'histoire a retenu le nom comme étant celui des inventeurs du cinéma.
Leur nom, "Lumière", était tellement prédestiné qu'il était, en effet, difficile de ne pas leur attribuer la paternité de cette invention.
Certes, les frères Lumière ont énormément contribué à l'invention du cinématographe tel qu'on le connaissait à leur époque, c'est-à-dire la fin du XIXe siècle, cependant ce n'est pas eux, à proprement parler,qui sont les véritables inventeurs de la toute première caméra cinématographique, ni les premiers à avoir réalisé un film.
Le véritable inventeur du cinématographe, le malheureux oublié de l'histoire comme il en existe tant et dans tous les domaines, scientifiques ou autres, c'est Louis Aimé Augustin Leprince, un homme originaire de la ville de Metz. Un autre Louis, donc.
Une fois n'est pas coutume, nous allons commencer par relater non pas la vie de Leprince, mais sa mort.
Sa mort est un mystère total. Il devait embarquer pour retourner à New York afin d'y présenter son invention lorsqu'il disparut dans le train qui le menait de Dijon vers Paris. On ne retrouva jamais son corps, ni ses affaires personnelles. On ne retrouva jamais la moindre trace de lui.
Puis il tomba dans l'oubli.
AugustinLeprince est né le 28 août 1841, très exactement au 13 de la rue St Georges, à Metz.
Voici une photo de cette adresse aujourd'hui.
Il s'agissait très probablement du même immeuble à l'époque.
Google annonce le 9, rue St Georges, mais si vous naviguez sur Google Maps
vous constaterez qu'il y a une petite plaque, à côté de la grille noire, portant le numéro 13.
On peut supposer que bien desgens passent devant cet immeuble sans savoir que c'est là qu'est né celui qui allait réellement jeter les bases techniques, des années avant les frères Lumière, de la "photographie animée".
Comment pourraient-ils le savoir ? Il n'y a aucune plaque, aucune mention. Rien.
De nos jours, on continue en France à présenter les frères Lumières comme les inventeurs du cinématographe. Jamais le nom d'Augustin Leprince n'est mentionné.
Son père était un ami proche de Louis Daguerre (encore un Louis), l'un des inventeurs de la photographie. C'est Daguerre lui-même qui initia Augustin à la photographie.
Une fois sa scolarité achevée à Paris, Augustin fit des études de physique et de chimie en Allemagne, et devint chimiste. Il n'y a pourtant plus aucune trace de son passage dans les universités concernées...
Il partit ensuite travailler à Leeds, en Angleterre, dans l'atelier de fonderie et de construction mécanique appartenant à l'un de ses amis, un Anglais nommé John Robinson Whitley. Il épousa la sœur de Whitley, et ils eurent cinq enfants.
En 1870, il rentra temporairement à Paris pour défendre la ville contre l'invasion prussienne.
Une fois retourné à Leeds, Augustin Leprince décida de fonder avec son épouse une école d'arts dans la ville, car il était également artiste. Cette école fut un immense succès et fut même reconnue internationalement. C'est là qu'il commença à inventer de nouveaux procédés artistiques.
Il se passionna également à cette époque pour la peinture de Claude Monet. Pour lui, Monet transcrivait la vie même. Sa peinture était vivante et pleine de mouvements. Il se mit à rencontrer des peintres lors de ses nombreux voyages en France.
Après la faillite de son atelier, John Whitley partit tout d'abord s'installer à Paris, laissant son beau-frère à Leeds, puis il lui proposa un voyage à New York, afin d'y prospecterpour la création d'une nouvelle affaire. Leprince fut tellement enthousiasmé par la ville qu'il décida de s'y installer avec son épouse et leurs cinq enfants. Cependant, comme les affaires de Whitley n'étaient pas très florissantes, Leprince décida de créer la sienne dans le domaine de la décoration, au 1321 Broadway.
Le 1321 Broadway de nos jours.
C'est à New York, alors qu'il s'était déjà fait connaître pour ses travaux photographiques, qu'il rencontra le peintre français Théodore Poilpot, spécialiste des panoramas, un genre très en vogueau XIXe siècle, et venu comme lui s'installer outre-Atlantique. Comme son activité dans le domaine de la décoration ne lui rapportait pas suffisamment d'argent, il se mit à travailler également pour lui.
Cependant, il n'était pas entièrement satisfait des résultats obtenus, car il était beaucoup plus intéressé à reproduire la vie et ses mouvements.
C'est ainsi qu'il commença à songer àconstruire une machine qui reproduirait les mouvements de la vie. En 1886, il sortit ses premières machines, et déposa son brevet à Washington, qui ne fut enregistré que deux ans plus tard en raison de tracasseriesadministratives. Le brevet fut plus tard déposé à Londres, puis à Paris, en Belgique, à Vienne, en Italie et enfin en Hongrie.
C'est donc bien avant les frères Lumière qu'il déposa son brevet, puisque Auguste et Louis Lumière ne devaientdéposer le leur qu'en 1895.
Laissant sa famille, mis à partson fils Adolphe, aux Etats Unis, il retourna en Europe, d'abord à Leeds, puis à Paris pour être au chevet de sa mère, et il continua à travailler sur ses premières machines en France afin d'essayer de leur apporter des améliorations, notamment la machine de projection qu'il trouvait trop bruyante.
Il vécut ainsi plusieurs années entre Leeds, dans son atelier du 160 Woodhouse Lane, et Paris.
Cette école d'Arts a remplacé l'atelier de Leprince.
Leprince avait résolu le problème de la prise de vuefin 1886, mais il fallut attendre encore le début de l'année 1887 pour qu'il ait réglé celui de la projection.
C'est également lui qui parvint à mettre au point une caméra à un seul objectif, alors qu'auparavant, la machine pour laquelle il avait enregistré son brevet à Washington en comptaient seize !
D'ailleurs, la voici, cette machine à seize objectifs.
En 1895, les frères Lumière présentèrent au public leur tout premier film, "La sortie des usines Lumière", alors que Louis Augustin Leprince avait déjà tourné de courts ou très courts films (parfois d'une seconde ou deux seulement) dès 1887, avec par exemple "Man walking around the corner".
Le joueur d'accordéon, qui met en scène Adolphe, ou Traffic crossing Leeds bridge furent filmés en 1888, ainsi que "Roundhay garden scene", un film qu'il envoya à son épouse, car il mettait en scène sa famille.
Et c'est là que, finalement, les destins se croisèrent... Il découvrit en France, chez "Lumière et fils", les films en celluloïd (une invention américaine), et ce furent ces films, une fois collés entre eux pour augmenter la longueur de la bobine, qui remplacèrent les bandes de plaques de verre (sans vouloir entrer dans des détails techniques) et résolurent certains de ses derniers problèmes de projection.
Il s'apprêta donc à rentrer à New York pour y présenter sa nouvelle invention, à la Morris Jumel Mansion (le quartier général de George Washington durant la guerre d'indépendance) que son épouse et Adolphe, rentré aux Etats Unis avant son père, louèrent pour l'occasion...
Cependant, tous les problèmes de fonctionnement ne purent être résolus aussi rapidement que prévu, et Leprince dut repousser son retour à New York, car il voulait présenter une machine fonctionnant à la perfection.
Il décida finalement de rentrer à New York le 16 septembre 1890, après un court séjour de trois jours à Dijon, afin de voir son frère et de régler avec lui les problèmes de l'héritage de sa mère qui traînaient depuis trois ans. Il avait d'autant plus besoin de cet argent qu'il était presque ruiné, ses recherches lui ayant coûté une fortune.
Il retourneraitensuite à Paris, puis à Leeds, et enfin à Liverpool pour s'embarquer pour les Etats Unis.
Ne le voyant pas arriver à New York, son épouse contacta le frère d'Augustin à Dijon, qui lui confirma qu'Augustin était bien monté dans le train pour Paris. Il l'avait d'ailleurs accompagné lui-même à la gare.
On ne revit jamais Louis Aimé Augustin Leprince, et l'on ne saura probablement jamais ce qu'il lui est arrivé.