La conjugaison française, c'est à la fois très simple et très compliqué. Plus exactement, ça peut être très simple, mais cela peut également devenir très compliqué.
Il y a des temps très simples que tout le monde utilise dans la vie de tous les jours, et des temps que personne, ou plus personne, n'utilise aujourd'hui, peut-être parce qu'ils sont trop difficiles, ou trop littéraires.
Autrefois, on apprenait le Français Langue Etrangère dans les lycées et les universités car cette langue était considérée comme l'une des langues majeures en matière de littérature, de philosophie, de sciences...
On souhaitait aussi parvenir à maîtriser une langue assez difficile, on voulait percer toutes les subtilités et tous les mystères de sa grammaire et de sa conjugaison, comme si l'idée était de faire une gymnastique de cerveau quotidienne.
On jonglait volontiers dans le langage courant avec des temps que de nos jours nous considérons comme rébarbatifs ou complètement surannés, on se faisait même un point d'honneur à les connaître et à savoir les utiliser à bon escient. Il y avait même une certaine élégance à utiliser des temps comme l'imparfait ou le plus-que-parfait du subjonctif.
De nos jours, on apprend le français pour apprendre à communiquer en français dans la vie de tous les jours, et communiquer signifie en premier lieu s'intégrer dans la société. On a également de plus en plus tendance à n'apprendre le français que jusqu'au niveau qui correspond à un besoin : un touriste désirant passer des vacances en France n'a nul besoin d'étudier le français jusqu'au niveau C2.
C'est d'ailleurs le cas pour l'apprentissage de toutes les langues. Ce n'est pas propre à la seule langue française.
Que l'on apprenne le français comme langue maternelle ou langue étrangère, il y a des temps, voire des modes tout entiers, que l'on n'utilise plus ou presque plus.
Qui, de nos jours, a entendu quelqu'un s'exprimer dans le language courant en utilisant l'imparfait ou le plus-que-parfait du subjonctif ? Cela surprendrait, voire même ferait rire, l'entourage de la personne.
C'est d'ailleurs le mode subjonctif tout entier qui semble en voie de disparition, que ce soit dans les conversations de la vie quotidienne, comme dans les media français.
On entend désormais de plus en plus souvent des erreurs comme : "j'aimerais qu'il vient" au lieu de "j'aimerais qu'il vienne".
Certains linguistes et grammairiens affirment que c'est le signe que le niveau baisse, d'autres pensent que la langue est en cours de simplification/modification naturelle, d'autres parleront de simplification nécessaire (comme lorsqu'on veut absolument imposer une orthographe simplifiée, soit parce qu'on ne voit pas l'utilité de la garder aussi compliquée dans la mesure où les mots écrits de façon simplifiée conservent la même prononciation, soit parce qu'on a de plus en plus de mal à apprendre l'orthographe correcte) et qu'il est peut-être plus simple et plus rapide de baisser le niveau et en demander moins, plutôt que de s'attaquer énergiquement au problème.
Que l'on utilise ou non les temps compliqués ou considérés comme vieillots de la langue française, il reste malgré tout important, à partir d'un certain niveau, de connaître leur existence, de savoir les reconnaître, c'est à dire de savoir mettre un nom dessus, et de connaître les modalités de leur utilisation.
Le CECR a établi un référentiel pour l'apprentissage progressif de la langue, et donc de la conjugaison.
Les divers temps de la conjugaison ne sont bien sûr pas tous abordés dès le niveau A1. Les temps plus compliqué de l'indicatif, comme le "passé simple", ou le subjonctif, sont la plupart du temps laissés de côté jusqu'au niveau B1, voire B2. Le subjonctif imparfait et le subjonctif plus-que-parfait sont, quant à eux, abordés au niveau C1.
On les apprend donc, ces temps compliqués, tout comme les écoliers français (langue maternelle) les apprennent dans le cadre de leurs études obligatoires, et cependant, certains ne sont plus, ou presque plus, utilisés, ou alors dans des textes très littéraires, alors qu'autrefois ils étaient également utilisés à l'oral.
Voici deux exemples trouvés sur Internet. Qui, de nos jours, parlerait encore de cette façon ?
Traduit en français courant d'aujourd'hui, cela donnerait plutôt quelque chose comme :
- Il (ne) pensait pas que t'aurais cueilli toutes les fleurs. (Emploi du conditionnel passé au lieu du plus-que-parfait du subjonctif)
- Il fallait qu'ils soient partis avant midi. (Emploi du subjonctif passé au lieu du plus-que-parfait du subjonctif)
Que l'on utilise encore ou non ces temps compliqués de la conjugaison, ils font partie intégrante de la langue, ils existent et continuent d'exister car la langue n'a pas, du moins jusqu'à présent, subi de réforme visant à les éliminer totalement. Il est donc important que les étudiants poussant leur apprentissage du français jusqu'à un niveau très élevé étudient ces formes verbales.
Il y a des pays où l'on n'enseigne pas la grammaire ou la conjugaison de sa propre langue. On enseigne bien sûr l'orthographe, mais on n'enseigne pas aux élèves à analyser et décortiquer la langue, ni à coller des étiquettes sur les mots pour les classer, les hiérarchiser.
En France, la grammaire et la conjugaison sont considérées comme très importantes et elles sont, et restent, deux matières majeures dans l'enseignement primaire et secondaire.
Certains étudiants de FLE (français langue étrangère) ne veulent pas entendre parler de grammaire ni de conjugaison dans leur apprentissage de la langue française, d'autres au contraire souhaitent des mises au points dès le niveau A1. C'est pour ces derniers, tout en espérant parvenir à intéresser les premiers, que ce blog publiera régulièrement, au fil du temps, des leçons de grammaire et de conjugaison, en les rendant aussi vivantes que possible.